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  Article paru dans L'HEBDO du 20.06.03
Le culte du beauf fait mousser Feldschlösschen
 
Enfin une blonde pas bête
 
Feldschlösschen tente un regard ironique sur la Suisse propre en ordre du ramasse-crotte Robidog et du sèche-linge Stewi. Une bière blonde pas bête décodée par Carine Jaggi  Play 
 
 

Plus besoin des publicitaires étrangers pour mettre en boîte le suisse moyen, son « Jass » et ses pelouses propres. La gausserie vient de l’intérieur avec cette campagne aux accents kitsch signée Feldschlösschen. L’inventeur du « Robidog » en personne fait une apparition hitchockienne dans le spot à la gloire de son sachet ramasseur de crottes. Un sens de l’autodérision digne des meilleures campagnes nordiques pour faire oublier le ratage publicitaire de la marque en 2002.

Echec et malt

Trois individus détournent les yeux d’une jolie blonde pour dévisager une jolie choppe. Cherchez le deuxième degré dans ce spot Feldschlösschen diffusé au printemps dernier. La campagne ne convainc pas. Elle est retirée en cours d’année par l’annonceur, qui préfère rester absent des espaces publicitaires l’automne dernier. Une première. Débarqué de chez Toni, Matthias Kiess, nouveau Brand Manager de Feldschlösschen, hérite d’une marque « perçue comme vieillotte et peu dynamique ». A ce déficit d’image s’ajoute une légère érosion de part de marché. La première bière suisse a besoin d’un repositionnement sous forme d’électrochoc. « Nous avons décidé de réaffirmer l’identité suisse de la marque, tout en adoptant un ton plus impertinent » raconte Matthias Kiess.

Brasseur d’agences

Fin janvier de cette année, quatre agences sont mises au concours. En jouant la carte d’une Suisse un peu beauf, Spillmann/Felser/Leo Burnett devient la nouvelle agence de la marque. Ses créatifs épinglent le bon helvète avec des traits d’esprit presque atypiques pour notre pays. « Nous avons voulu casser cette tradition typiquement suisse de parler sérieusement d’un produit qui ne l’est pas, explique Martin Spillmann, directeur de création de l’agence. Regardez les spots anglais et américains pour la bière, ils sont parmi les plus drôles qui soient ». L’agence n’a eu aucune peine à convaincre les inventeurs suisses de donner leur accord. « Plus on parle du Robidog, mieux c’est » calcule avec humour le thounois Josef Rosenast, père du sachet canin.

Voyez le tableau

Pour la campagne d’affichage, l’agence choisit une série d’inventions suisses crayonnées telles un menu du jour sur une ardoise de restaurant. « Cela nous permet de créer une affinité avec les cafetiers-restaurateurs, qui représentent 52% de notre chiffre d’affaire » explique Matthias Kiess. Les slogans sont différents pour chaque région linguistique. A Zurich, on trinque à l’année des filles au pair en Romandie, au Tessin à la Suisse miniature. Quant à l’invention typiquement « welche », il semble qu’elle soit encore à trouver.

Petits avec une grande soif

Lorsque Spillmann/Felser/Leo Burnett décroche le mandat Feldschlösschen, l’agence dispose de six semaines avant le démarrage de la campagne. Les spots TV sont tournés en Suisse par Condor Communications, en un temps record. Le budget total des trois films s’élève à 700'000 francs. Martin Spillmann se défend de vouloir surfer sur la vague rétro qui envahit l’univers de la publicité. « L’époque a été dictée par les inventions dont nous parlons. Le Robidog a été inventé dans les années 70 et le Stewi dans les années 50. Nous aurions très bien pu parler d’inventions contemporaines ». Derrière son bureau installé dans une ancienne fabrique de savon de la banlieue zurichoise, l’ancien directeur de création d’Advico Young & Rubicam jubile. Il a co-fondé Spillmann/Felser/Leo Burnett il y a moins d’un an. La petite agence qui monte signe pour Feldschlösschen sa première campagne télé. Et prouve - pub à l’appui - que la Suisse est capable de rire d’elle-même. Un jour à marquer d’une bière blanche.

Texte et vidéo: Carine Jaggi pour L'Hebdo et la TSR

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