Le téléphone portable est bien placé pour devenir l’agent privilégié du consommateur de demain
Pratiquée avec succès par la presse et la télévision, la syndication de contenu prend une nouvelle dimension sur l’internet. Des portails aux intranets en passant par les sites d’entreprise, les points de distribution du contenu sont illimités, tandis que les standards tels que ICE (Information and Content Exchange) simplifient et automatisent les échanges. La demande en information est actuellement gonflée par la téléphonie mobile et bientôt la TV interactive. Mais il est toujours utile de se méfier des hyperboles associées aux nouvelles technologies de communication.
Nouveaux intermédiaires de l’information numérique, les sociétés de syndication collectent l’information en provenance de divers éditeurs, l’organisent en offres thématiques mises à disposition des distributeurs au format standard. Ces derniers l’intègrent à leur propre offre et présentation, et si possible la personnalisent en fonction des profils utilisateurs récoltés. Des cours de bourse aux informations routières en passant par des fichiers musicaux et des bases de données diverses, l’information échangée est variée. Pour leurs services d’information web et internet mobile, les opérateurs télécom suisses ont ainsi passé des accords avec des partenaires comme SwissContent et SwissTXT pour Orange ; tamedia, Reuters, MeteoNews et Avant-Première pour Bluewin de Swisscom.
La détermination du prix du contenu est un élément clé mais délicat. En effet, la valeur de l’information change dans le temps, selon l’utilisation, le contexte et l’association à d’autres contenus. Homogénéiser le contenu, sur le modèle du SMS, serait une erreur. Un cours de bourse a-t-il vraiment la même valeur qu’un horoscope ?
Nouveau modèle de diffusion de l’information
La syndication constitue ni plus ni moins un bouleversement du modèle de base de distribution de l’information sur l’internet. Publié à un seul endroit, le contenu pouvait être accessible de n’importe quel site web grâce à un hyperlien. La syndication consiste au contraire à dupliquer et façonner l’information pour la publier sur une multitude de sites différents. Il s’agit d’une évolution juste, soulignant l’importance du contexte et d’une interface familière pour l’utilisateur. Superstars du premier modèle, les outils de recherche, véritables collections d’hyperliens, se sont partagé la majeure partie du gâteau publicitaire online. Pour combien de temps encore ?
Un postulat demeure : la valeur intrinsèque de l’information ubiquitaire tend vers zéro. C’est donc l’expérience du consommateur qui en détermine la valeur. Ainsi, les bénéficiaires de la chaîne de syndication devront maîtriser le contexte utilisateur, proposer une interface conviviale et un modèle de prix intéressant. La valeur d’un service d’information ne réside plus dans la distribution du contenu mais dans la capacité à récolter des données sur le consommateur et à intégrer cette connaissance au contenu.
En matière d’internet mobile, les opérateurs télécom jouissent d’une position stratégique intéressante. En effet, ils détiennent le profil utilisateur, le contact client et notamment d’importants call centers, une marque établie, un système de localisation pour “ contextualiser ” l’information. Ils disposent enfin d’un système de facturation permettant les micro-paiements, dont l’absence a longtemps freiné l’achat de contenus internet isolés. Le portable est bien placé pour devenir l’agent privilégié du consommateur virtuel de demain.
Une alternative rentable pour les éditeurs
Pour quatre sites de contenu sur cinq, les revenus provenant de la publicité, des abonnements et du e-commerce sont insuffisants. La syndication serait une alternative intéressante de distribution online de leur matériel, d’autant que l’information prend de la valeur une fois associée à d’autres contenus. Dans les médias traditionnels, l’avantage compétitif provient du contrôle des filières de distribution. Sur l’internet, limiter l’accès au contenu ne fait que donner plus de pouvoir à tous ceux qui en produisent. Une meilleure stratégie consiste à suivre le consommateur et profiter des milliers de points de contact à disposition pour syndiquer ses services. Il faut ainsi déterminer où se trouve son audience et ce qu’elle fait, et s’assurer que le contenu soit disponible, parfaitement intégré au contexte choisi par l’utilisateur.
Premier effet pervers du modèle de syndication, la déferlante de communiqués d’entreprise publiés tels quels sur les sites d’information. En effet, la forte demande en contenus frais force les sociétés de syndication à compléter leurs offres par des communiqués de presse sortis tout droit des bureaux de relations publiques. De leur côté, les portails gagnent du temps en automatisant l’insertion des flux d’information sur leurs pages. Résultat, sur Yahoo, MSN ou CNET, les annonces d’entreprise font bon ménage avec les communiqués de Reuters et AP. L’immédiateté prime la vérification et l’explication des faits. La syndication n’a donc rien d’une formule miracle pour augmenter la qualité des contenus. Elle ne fait peut-être que gonfler la somme des informations disponibles, alors que les consommateurs recherchent des services qui au contraire diminuent l’information, en éliminant celle qui leur est inutile.
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