En interne, il reste difficile de produire assez vite et d'attirer des spécialistes
Certains métiers, comme la finance et l'emploi, sont désormais si étroitement liés à l'internet que ses acteurs n'ont pas hésité à mettre sur pied des équipes de développement en interne. Les milieux bancaires ont été les premiers à faire le pas, habitués à disposer d'imposants départements informatiques et surfant sur la reconversion toute trouvée des informaticiens engagés massivement pour le passage à l'an 2000.
Pour la plupart des grandes entreprises, l'interrogation que soulève la création d'un département internet est légitime. En effet, elles se heurtent souvent au problème des ressources, tant il demeure difficile d'attirer du personnel expérimenté. Dans les agences internet, le turnover est étonnamment bas malgré les appels quotidiens de chasseurs de tête. C'est que ce personnel jeune et bien formé est souvent davantage attiré par l'ambiance de travail que par des salaires élevés. Leur motivation repose sur la variété des projets et des technologies, ou encore la possibilité d'aborder très tôt une technologie émergente. Pour toutes ces raisons, il est difficile d'engager des gens expérimentés et surtout de les garder, alors qu'ils travaillent de longs mois sur le même développement. Les fournisseurs de services internet connaissent bien ce problème de burnout et déplacent leurs collaborateurs d'un projet à l'autre tous les quatre à six mois.
Le second problème est l'enlisement des développements réalisés en interne. Il y a encore une année, les projets internet dont le budget dépassait le million de francs suisse s'étalaient sur 8 à 10 mois. Aujourd'hui, un site de pareille envergure doit impérativement être réalisé en moins d'un trimestre. Ce rythme de production est en effet le seul moyen de rester en contact avec chaque évolution technologique et manœuvre des concurrents. Seules des équipes expérimentées de 15 à 20 personnes ayant déjà fonctionné ensemble sont aujourd'hui capables de développer des sites complexes en deux à trois mois. Chez les fournisseurs de services internet, ces équipes tournent à plein régime. Pour s'en assurer la disponibilité, il vaut mieux mandater un sous-traitant plusieurs mois à l'avance. Pour monter de toute pièce une équipe pluridisciplinaire en interne et développer une méthodologie efficace, il faut compter près d'une année.
Les projets développés en interne comptent en général davantage de retards, passent parfois à côté d'une évolution technologique mais sont moins coûteux à la maintenance. S'il est décidé de tout faire en interne, il vaut mieux le faire pour les bonnes raisons. L'opération ne sera pas moins onéreuse, mais elle permettra à l'entreprise de mieux intégrer l'internet dans ses activités et sa vision stratégique, tout en maîtrisant sa planification à moyen terme.
Finalement, le risque le plus important est d'engager des responsables internet qui ne connaissent pas mieux le métier de l'entreprise que des intervenants externes. Au contraire, les responsables internet d'une entreprise devraient avoir une bonne connaissance du core business, être disposés à le faire évoluer et ne pas opérer en vase clos. Il est en effet important de rester en contact avec les évolutions du marché de l'internet, tant du point de vue de la technologie que des pratiques commerciales et ergonomiques. La meilleure organisation consiste en la création d'équipes de maintenance, qui oeuvrent en continu à l'amélioration du site et à sa mise à jour, et l'appel à un sous-traitant spécialisé pour les développements importants dont on cherche à maîtriser à la fois la rapidité d'exécution, les coûts et l'avance technologique.
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