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Retour au menu Article paru dans BILAN d'octobre 2002
 
Ne surfez plus sans mobile
 
 
 
Par Carine Jaggi 

Dring, vous venez d’acheter votre journal sur internet. Rien de plus simple : vous avez composé sur votre téléphone portable le numéro affiché sur une page web, et reçu par SMS surtaxé un code qui permet de consulter l’article en ligne. Quelques centimes seront débités directement sur votre facture téléphonique. L’appel étant identifié par votre numéro de téléphone, personne ne peut passer commande pour vous sans avoir votre appareil entre les mains. La méthode est simple, instantanée, imparable. Une petite révolution dans le monde de l’internet, qui a toujours buté sur le problème des micro-paiements. 

Pour les sites de contenu, en panne de revenus publicitaires, c’est une véritable aubaine. « Le visiteur n’a pas besoin de s’inscrire, d’entrer un mot de passe ou un numéro de carte de crédit, explique Gaël Hurlimann, responsable internet au journal Le Temps, le débit est immédiat et le service accessible en quelques secondes ». D’ici la fin de l’année, une partie des articles du quotidien seront vendus à l’unité au moyen du téléphone portable. Autre avantage du système, le client devrait payer sans broncher la facture, de peur d’être privé de téléphone. 

L’heure du payant a sonné 

Depuis mai dernier, le site français Sport.fr mise sur la facture téléphonique pour vendre à la pièce ses articles payants. Une nouvelle source de revenu qui constitue déjà 30% de son chiffre d’affaires, contre 20% aux abonnements payés par chèque et 50% à la publicité. L’éditeur a pris soin de ne pas se couper des moteurs de recherche : « Chaque article payant est référencé individuellement sur Google, grâce à un résumé et des mots-clés », explique David Tomaszek, directeur de Sport.fr. Sur mille personnes qui accèdent à la présentation de l’article, cinq l’achètent par téléphone. 

La société genevoise Echovox, qui a signé des accords avec les différents opérateurs suisses, compte déployer son système de paiement par SMS sur une quarantaine de sites d’ici 2003. Principal frein, la commission de 50% des opérateurs téléphoniques sur les SMS surtaxés, à comparer aux 2-3% retenus par les organismes de cartes de crédit. Pour augmenter la marge des éditeurs, Echovox combine l’envoi du SMS avec un appel de type 0900, dont 90% de la taxe est reversée aux éditeurs. « Les marges devraient évoluer en raison de cette cannibalisation entre SMS et appels surtaxés, estime David Marcus, CEO d’Echovox, dans les pays nordiques, la part revenant aux opérateurs sur les SMS surtaxés ne dépasse pas 20 à 30% ». 

Le porte-monnaie mobile inquiète 

Prudence du côté des opérateurs suisses, qui ont fixé un tarif maximum de 3 francs pour les SMS surtaxés. « Le client n’est pas toujours conscient du montant qu’il paie en utilisant ce genre de services, précise Reto Wittwer, manager third party services chez Orange, d’autre part, il nous est impossible de savoir si la prestation payée a bien été délivrée ». 

Une information exclusive vaut bien quelques centimes, mais il est illusoire de penser que les internautes vont tapoter sur leur portable à chaque page vue. Ce système, particulièrement adapté aux achats isolés, restera donc l’un des nombreux moyens de paiement disponibles. Les journaux en ligne continueront d’être lus par abonnement, sans compter les articles gratuits utilisés comme produit d’appel pour la constitution d’une audience rémunérée par la publicité.

Quant aux internautes qui préfèrent confier à un site web leur numéro de portable plutôt que celui de leur carte de crédit, ils risquent de déchanter rapidement, le temps d’être assaillis de SMS publicitaires en tout genre. Si la carte de crédit est chose précieuse, le mobile reste un objet intime qui ne sonne pas forcément comme un tiroir-caisse. C’est au prix de cette compréhension que se joue l’avenir des micro-paiements par SMS.

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