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Retour au menu Article paru dans L'HEBDO du 20.11.03
Sport électronique: tous au tapis
 
1'500 athlètes d’un nouveau genre s’affrontent ce week-end à l’open de jeux vidéos de Martigny. Carine Jaggi a suivi la préparation d’un équipe neuchâteloise.  Play 
 
 

« Magnifique action des terroristes qui viennent de poser leur bombe et mènent par 4-0 ! » clament les commentateurs de la finale mondiale du jeu de guerre « Counter-Strike », diffusée sur internet. Derrière son écran, Charles Monnerat suit la retransmission et analyse la tactique des champions du monde suédois. Dans quelques jours à Martigny, son équipe affrontera l’élite européenne lors de la plus grande compétition de jeux vidéos jamais organisée en Suisse.

Trois heures d’entraînement par jour

18h. L’équipe des « Natic » se retrouve dans un cybercafé de Neuchâtel. A 20 ans, ces cinq étudiants en informatique s’entraînent trois à quatre heures par jour. Dans leur sac de sport, ils ont tous amené leur propre équipement. « Une souris optique et un tapis en verre pour assurer un maximum de précision » explique Shirui Tang alias Gally. Les as du clavier passent d’abord au briefing tactique. En sa qualité de capitaine, Charles Monnerat alias Zetord récapitule les schémas de jeu et les positions de chaque joueur. « Gally surveille le pont et Skail les arcades. Quand Polux saute, les deux autres remontent l’escalier et lancent leurs grenades ».

Enfants de la balle

Au lieu de courir derrière un ballon, les équipes de « Counter-Strike » s’entretuent pour faire exploser une bombe. A ce détail près, les joueurs neuchâtelois estiment pratiquer un sport comme un autre et refusent qu’on y associe systématiquement la violence. « Que ce soit avec une raquette de tennis ou avec une arme virtuelle, le but est le même : mettre en échec un adversaire en déployant des stratégies, tient à préciser Manouk Der Stépanian alias Skail, tout cela reste virtuel ». L’entraînement se poursuit par deux matches de 60 minutes. Equipés de casques et de micros, très concentrés, les cinq joueurs s’acharnent frénétiquement sur leur clavier tout en signalant les positions ennemies à leurs coéquipiers.

Equipes de nuit

L’entraînement se prolonge à domicile. Sur internet, les matches se jouent en équipes virtuelles dispersées aux quatre coins du monde. 22h. Zetord vient de constituer une équipe avec des joueurs français et anglais. Derrière son micro, il donne ses instructions sur fond de mitraille. Les parties s’enchaînent à toute heure du jour ou de la nuit. « Les bons joueurs américains se connectent vers 2-3h du matin pour nous » explique Zetord. Les meilleures rencontres sont retransmises sur internet en direct ou en différé. Il est même possible aux supporters virtuels d’y assister en se mettant dans la peau de leur joueur fétiche.

Dopage informatique

Firmes informatiques et fabricants d’électronique se pressent au portillon pour sponsoriser la diffusion sur internet de ces exploits sportifs d’un nouveau genre. Les géants de l’informatique ébauchent sous la table les premières ligues professionnelles, flairant le bon filon d’un sport ultra populaire et presque propre. « Nous avons aussi notre forme de dopage, explique Christian Wagner d'Interever, l’un des organisateurs du tournoi de Martigny. Ce sont des programmes informatiques qui permettent de tricher ou d’améliorer ses performances. C’est pourquoi les compétitions officielles se déroulent en réseau local avec des joueurs physiquement présents. Tous les ordinateurs sont contrôlés ». Une fois passé le contrôle anti-dopage, les 1500 sportifs électroniques s’affronteront durant trois jours à Martigny. Les organisateurs ont même engagé les meilleurs commentateurs français pour enflammer le public lors des finales jouées sur écran géant. Adieu les consoles de salon, le jeu vidéo prend le chemin les stades.

Carine Jaggi pour L'Hebdo et la TSR
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