La flexibilité des technologies internet permet de tout imiter facilement et rapidement
Y-o-u ne verra pas le jour. Le groupe Vontobel a décidé d’abandonner son projet de banque internet en février dernier, estimant les coûts et délais irréalisables. Tout comme Y-o-u, de nombreux développements e-business laissent les entreprises dans l’embarras, posant à la fois un problème de qualité et de retour sur investissement.
Les consultants et agences internet sont les premiers à être pointés du doigt, pour non respect systématique des délais annoncés et mise à disposition d’un personnel à géométrie variable. Or il ne s’agit que de la partie visible de l’iceberg. En effet, les développements internet reposent sur des logiciels dépassant rarement le stade de la version beta, du système de gestion du contenu aux outils CRM. Quant à l’entreprise, elle ne sait pas toujours ce qu’elle veut, confiant la rédaction du cahier des charges à un consultant externe. Il lui est difficile de valider les travaux en-cours, maintenus opaques jusqu'à la livraison du produit fini, à savoir un site bogué qui ne correspond pas aux attentes des consommateurs.
Le marché de l’internet est entré dans une phase de consolidation qui montre des signes encourageants. Outre les délais plus réalistes, l’utilisabilité et les méthodologies itératives de développement tendent à s’imposer. L’utilisabilité place le consommateur au centre des réalisations internet, afin que les applications reflètent ses propres besoins plutôt que la structure de l’entreprise. Le prototypage systématique dès le début du projet permet de créer un langage commun entre client, développeurs et utilisateurs. Ainsi, les sites sont développés de manière incrémentale, par validation successive de prototypes testés par les utilisateurs. Ces nouvelles méthodologies permettent de réduire les risques liés aux projets internet et de répondre plus précisément aux besoins des utilisateurs.
Reste le problème du retour sur investissement. En effet, les bénéfices de l’internet profitent surtout aux consommateurs, plus informés et dont les achats sont facilités. Mais il semble que peu d’entreprises parviennent à en tirer un réel profit. Les dot-coms se sont attachées à offrir des prix cassés en comptant sur les revenus, entre autres publicitaires, générés par le trafic. Il fallait être le premier pour attirer un maximum d’utilisateurs. Une fois habitués à l’interface, l’apprentissage d’un autre site constituerait une barrière suffisante. Le site serait personnalisé en fonction du profil utilisateur obtenu, tout en proposant des services utilitaires et communautaires fidélisant. Or ces barrières s’avèrent de plus en plus fragiles. Il devient difficile de maintenir des avantages compétitifs car les technologies internet, flexibles et peu coûteuses, permettent de tout imiter facilement et rapidement. Les entreprises finissent par offrir les mêmes applications et les mêmes promesses, par le biais d’interfaces utilisateurs parfaitement standardisées.
Aucune entreprise ne pourra se passer de site internet, mais ce dernier constituera rarement un avantage compétitif durable. La responsabilité e-business doit donc être étendue à tous les pôles décisionnels de l’entreprise afin que son fonctionnement dans sa globalité bénéficie des technologies internet. Seule une stratégie intégrée permettra de créer des avantages compétitifs durables pour l’entreprise et difficiles à reproduire par les concurrents.
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