M-commerce et b-to-b déçoivent. A suivre : Napster et la technologie peer-to-peer
Le phénomène internet n’est plus. Personne ne saurait dire exactement si cela s’est passé pendant l’effondrement boursier d’avril ou l’été meurtrier qui balaya des centaines de start-ups, mais l’effet de mode internet a bel et bien disparu. L’occasion de tirer sereinement le bilan de cette année 2000.
Le WAP n’a pas connu le succès escompté cette année. En fait, le boom du m-commerce (e-commerce par téléphone ou autre appareil mobile) prendra bien plus de temps qu’annoncé.
Le marché prometteur du business-to-business devrait favoriser l’optimisation des chaînes d’approvisionnement et de distribution d’industries toutes entières. La technologie est certes disponible, mais les premières désillusions se font sentir, rappelant étrangement celles du business-to-consumer :
- les prix ne sont pas plus bas qu’offline, même avec un système d’enchères
- les entreprises doivent ménager leur réseau de distribution existant
- personne n’est prêt à signer avec une société inconnue, même si le prix est plus bas
- très peu d’utilisateurs sont disposés à révéler des informations sensibles, comme l’état de leur stock, à un système ouvert à leurs concurrents
- les “ e-marketplaces ” peinent à attirer une masse critique d’utilisateurs et ne balayent pas les pouvoirs en place
La révolution du business-to-business a bel et bien commencé, mais de manière souterraine, au sein de la vieille garde, sans chiffres mirobolants à annoncer ni start-up emblématique. Il suffit que quelques géants américains annoncent la création de leur propre plate-forme d’échanges b-to-b (Covisint, Boeing) pour que la myriade de projets indépendants passe à la trappe. Quant au “ e-procurement ” (achats courants et maintenance) et au réapprovisionnement automatique, ils continueront à se développer l’an prochain.
Parmi les bonnes surprises de l’année, notons le succès fulgurant de Napster, un logiciel d’échange de fichiers MP3 par internet. Poursuivi en justice pour encouragement au piratage, Napster constitue un gigantesque index de fichiers musicaux stockés sur les ordinateurs de ses utilisateurs. Un jour ou l’autre, des accords finiront par se conclure avec les détenteurs de droits d’auteur et avec des annonceurs désireux de sponsoriser ces contenus.
Les phénomènes qui se répandent online comme une traînée de poudre sont rarement anodins. Démocratisée par Napster, la technologie peer-to-peer (p-to-p), permettant à un utilisateur d’accéder à des fichiers se trouvant sur l’ordinateur d’autres utilisateurs, s’étend déjà à la vidéo et inspire une nouvelle forme d’outils de recherche à la Napster (InfraSearch).
Au rayon faits divers, citons la fermeture spectaculaire en mai du site de mode boo.com, après avoir consumé plus de $ 100 millions en 6 mois de vie. Aux Etats-Unis, la déconfiture estivale d’une multitude de “ dotcoms ” a fragilisé l’industrie du net. Cette tendance a été moins importante en Suisse, car le phénomène start-up y joue un rôle moindre. Toutefois, la majorité des sociétés de services internet ont dû revoir leurs objectifs à la baisse. C’est que pour la première fois depuis cinq ans, investisseurs et milieux économiques se sont octroyé une pause pour réfléchir à la véritable place de l’internet dans leurs activités. L’e-business entre dans l’âge de raison.
|